Dominique Chadron

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Photographe venue d’un pays de pluie, Dominique Chaudron s’est posée à Ibiza. 

Elle aime les gens, les grands espaces, les chiens qui courent vers les vagues chargées de mouettes. Chaque jour, que ce soit à Ibiza ou Formentera, elle part en balade avec son boîtier et ses objectifs et capte des empreintes avant qu’elles ne s’effacent. Traces de pas que la mer balaiera, visages pâlissant dans les albums en noir et blanc oubliés dans les fincas blotties aux creux des paysages.

Des îles, elle nous envoie ces images nimbées de brume, de soleil, de chaleur et de vent. Elle cerne sur le sable un fragment de bois flotté dont le gris usé tourne à la poussière d’étoiles. S’attarde à une jetée qui incise la mer en gerbes d’écume. Avec ces cabanes anciennes où sèchent des cordages, elle suggère des pulls de laine rousse. Révèle une humanité que l’on pressent au travers des signes glanés chemin faisant. Quand elle se concentre sur une pierre, s’en dégage la chaleur libérée entre chien et loup, – moment improbable où au crépuscule la nature et les histoires se replient sur des légendes de grands voyages.

Au bout des embarcadères – ces embarcaderos aux couleurs d’aventures de toujours – elle capte la lumière fugitive des vagues, elle témoigne de traditions qui s’effilochent mais résistent comme les falaises de La Mola face à la tempête des siècles.

Au lent tempo de la danse de l’eau déferlante et des ondes de lumière sur les terrains peignés par d’opiniâtres